Nous sommes tous inquiets de la situation actuelle pour l’avenir de la diffusion de la musique dans nos salles de concert. Depuis le mois de mars dernier, le Centre de musique canadienne au Québec assiste à plusieurs comités et fait partie prenante du défi de trouver des solutions viables afin de réfléchir d’abord à comment traverser la crise. C’est en effet notre mandat de faire la promotion des œuvres des compositeurs du Québec et du Canada nous cherchons à continuer à les soutenir en ces temps incertains.

Le CMCQc est très proactif en s’impliquant dans des discussions positives à trouver des solutions grâce à des réunions virtuelles avec notre présidente du Conseil d’administration, Madame Barbara Scales et plusieurs de nos collègues tels que Le Vivier, Innovations en concert, l’Ensemble Paramirabo, Le Conseil des Arts de Montréal, Les Violons du Roy, La Salle Bourgie (Arte Musica), le Conseil Québécois de la Musique (CQM), la Guilde des Musiciens et Musiciennes du Québec et d’autres partenaires tels que des compositeurs et des interprètes. Plusieurs sujets et solutions sont abordés en ce moment.

La consommation des concerts via les plateformes numériques et la gratuité

On est tous d’accord que l’art de l’interprétation est le « nerf de la guerre » puisque sans les musiciens qui interprètent les œuvres sur scène et devant public, il devient difficile d’atteindre un public qui ne peut plus se déplacer en salle. Bien entendu, le concert « virtuel » ou numérique existe, permettant aux interprètes d’être toujours présents et actifs. On comprend aussi que les artistes ne font pas cela pour l’argent, mais bien pour la passion pour l’art, et de propager leur bonheur de faire de la musique.

Par contre, la création d’une production offerte sur ces réseaux requiert souvent énormément de travail, souvent des mois de développement. Nous cherchons à aider les artistes à avoir des moyens de diffusion dans le but de développer leur pratique et non seulement à rendre du « divertissement » disponible à tout prix sur la toile. Le fait que la gratuité de ces vidéo-clips semble être « normale » pour les internautes ne doit pas être tenu pour acquis.

Il est donc impensable de les rendre disponibles à un si grand auditoire sans une rétribution qui soit juste. Il s’agit de trouver une solution à long terme pour que le public puisse participer et soutenir financièrement le talent des musiciens qui les produisent, ne serait-ce que par des plateformes payantes qui pourraient rémunérer les interprètes et remettre les redevances de nos compositeurs de façon juste et adéquate. Il existe déjà quelques plateformes, mais nous n’avons pas encore trouvé la plateforme idéale pour nos artistes.

Comment rentabiliser les concerts dans nos salles?

Bien que nous ne sachions pas encore si le virus s’affaiblira ou si une deuxième vague se prépare, ou si même un vaccin sera trouvé avant plusieurs années, des solutions viables à court terme sont envisageables pour un processus de réouverture des lieux de spectacles et de répétitions. À partir d’une hypothèse d’un début de déconfinement, les mesures de distanciation physique apparaissent comme le principal obstacle à la propagation de la COVID-19. Il reste maintenant à imaginer un plan sanitaire pour les spectateurs en salle et la circulation du public (port du masque, désinfectant, entrées, sorties, toilettes, etc…)

Dans nos discussions entre organismes en musique et en culture (car cela touche aussi le théâtre, la danse, cirque, opéra par exemple) le plan d’organiser des évènements avec seulement 20% du public serait envisageable. Afin d’augmenter la rentabilité, il faudrait présenter des concerts de 45 minutes maximum, sans entracte, avec deux ou trois représentations identiques par jour. Ce projet est à l’étude et pourrait exister à condition que le public soit enclin à se déplacer sans avoir peur de contracter le virus – même commentaire pour les musiciens sur scène, soit un soliste ou peut-être deux à trois musiciens maximum – ce qui n’est pas encore évident dans les circonstances présentes.

Et nos compositeurs?

Dans le but de procurer concrètement du travail à nos compositeurs, un programme spécial d’encouragement visant à générer davantage de commandes d’oeuvres pendant la période de relance du milieu pourrait avoir des retombées positives à long terme sur d’autres collaboration entre compositeurs et organismes. Des pistes de solutions sont en cours en ce moment.

En attendant, le Centre de musique canadienne au Québec reste ouvert à vos réflexions et commentaires, dans le but de soutenir sans relâche la musique de création de nos compositeurs. Nous sommes de tout cœur avec vous!

Claire Marchand
Directrice générale et artistique
CMC Québec